Prospective Aliment

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Décrire, analyser, comprendre et prévoir les stratégies d’alimentation des cheptels français et européens 

L’alimentation animale : un enjeu stratégique pour l’économie agricole européenne

Le secteur de l’alimentation animale joue un rôle clé dans l’activité agricole. Occupant une position charnière au sein des filières animales et végétales, ses évolutions ont des répercussions importantes sur leur économie.

La consommation per capita des produits animaux est en augmentation. Or les animaux de ferme qui l’assurent se nourrissent presque exclusivement de produits issus de l’activité agricole. Les stratégies d’alimentation des cheptels européens sont, de ce fait, l’un des déterminants majeurs des grands équilibres régionaux du secteur agricole. On estime en effet que 70 % de la surface agricole de l’Union européenne pourraient trouver un débouché dans l’alimentation des cheptels. L’alimentation animale est donc la principale raison d’être des agriculteurs.

Les stratégies développées par les éleveurs pour assurer l’approvisionnement de leur cheptel constituent un enjeu crucial de l’économie agricole européenne :

  • elles participent très largement au pouvoir de concurrence entre les filières européennes des produits animaux et conditionnent les perspectives de leur développement ;
  • elles se répercutent sur le prix et l’image de marque des produits animaux, et par ce biais sur la pérennité des entreprises agro-alimentaires qui les transforment ;
  • elles conditionnent aussi le développement des productions végétales à qui elles offrent un marché qui est souvent leur principal débouché ;
  • elles retentissent sur la rentabilité des activités agro-industrielles dont les produits principaux et/ou les co-produits font l’objet d’une utilisation en alimentation animale ;
  • elles interviennent sur les opérations d’importation, de négoce et de transport qu’elles suscitent.

La démarche du programme Prospective Aliment

L’objectif du programme Prospective Aliment initié par le Céréopa est l’étude des stratégies d’approvisionnement des cheptels en France et en Europe. Le cadre général de ce programme est la description et la compréhension du fonctionnement de ces stratégies et l’évaluation de leur perspective d’évolution. Il repose en grande partie sur le développement et l’évolution permanente du modèle Prospective Aliment.

L’animation d’un réseau de partenaires réunissant des représentants de structures très variées (de la production de matières premières à l’encadrement de l’élevage en passant par les fabricants d’aliments composés) permet un échange d’informations et de points de vue. La constitution d’un fonds d’information sur le secteur de l’alimentation animale en France et en Europe est en effet un élément indispensable à la bonne connaissance des stratégies alimentaires des cheptels.

Le Céréopa agit soit dans le cadre d’actions multi-partenaires, soit dans le cadre d’études réalisées au profit d’une organisation particulière (de nombreuses entreprises et organisations clientes). Par ailleurs, dans le cadre du Département des Sciences Animales, ses collaborateurs ont de nombreuses responsabilités dans des structures diverses.

La mise au point de modèles : exemple du modèle « Secteur des aliments composés français »

Ce modèle développé par le Céréopa est destiné à représenter les stratégies d’approvisionnement des entreprises industrielles fabriquant des aliments composés. Il est basé sur l’utilisation d’une méthode d’optimisation (programmation linéaire) utilisée par les entreprises du secteur pour décider de leurs politiques d’achat et de formulation.

Il lui même l’agrégat de modules régionaux représentant la situation d’une entreprise type :

  • située au coeur de la région,
  • placée dans un contexte d’approvisionnement représentatif de la zone,
  • ayant une activité de production équivalente, en terme de volume, à celle de l’ensemble des entreprises de la zone.

C’est au niveau régional que sont approchés les aspects relatifs :

  • aux coûts de transport des matières premières,
  • aux quantités d’aliments composés produites.

C’est au niveau national que sont approchés les aspects relevant :

  • du prix de marché des matières premières (une seule cotation de référence par matière première et par pays),
  • de la nature (qualitative) des formules fabriquées,
  • de la nature (liste et composition) des matières premières utilisables,
  • des systèmes d’unités nutritionnels considérés.

L’ensemble des informations utiles à la mise à jour du modèle est principalement tiré de sources nationales (publications et contacts directs avec des spécialistes). La mise en place, par le Céréopa, d’un réseau de partenaires contribue largement à l’amélioration permanente du modèle.

Fiabilité du modèle

Image imparfaite d’une réalité difficile à cerner, le modèle ne peut se voir assigner de traduire exactement les comportements divers des entreprises du secteur. A ce titre, il ne peut en aucun cas être considéré comme substituable aux modèles développés par les entreprises pour répondre à leurs besoins propres de formulation et de politique d’achat. En revanche, son utilisation peut se révéler précieuse pour suivre les phénomènes considérés dans leur globalité et pour explorer des champs d’hypothèses assez variés.

L’évaluation de ce modèle, destiné à apprécier les stratégies d’approvisionnement des entreprises du secteur des aliments composés, peut être faite sous deux angles :

  • Sa capacité à traduire les grands équilibres entre matières premières est le premier d’entre eux. Elle a été maintes fois validée par la confrontation des résultats qu’il fournit aux données statistiques disponibles dans ce domaine. S’il ne peut prétendre, et ne vise d’ailleurs pas, à révéler les niveaux de consommation des différentes matières premières comme le ferait un dispositif d’enquête et/ou de statistique, il fournit des réponses dont les ordres de grandeurs sont assez représentatifs des situations effectivement réalisées.
  • Son aptitude à exprimer les mécanismes de substitution entre matières premières est le second aspect important. Plus difficile à valider sur le plan statistique, il semble cependant que cette facette du comportement du secteur est assez bien cernée par le modèle. Les travaux conduits depuis plusieurs années pour analyser le pouvoir de concurrence de différentes matières premières ont permis d’obtenir des résultats qui, confrontés aux points de vue des spécialistes, semblent pouvoir être considérés comme crédibles.

Cette fiabilité varie cependant encore actuellement selon les matières premières et selon les pays. Le Céréopa entretient et améliore son système d’information afin de mieux répondre à ces exigences de validation permanente.

Réponses du modèle et utilisation

L’utilisation de ce modèle peut aujourd’hui s’envisager pour répondre à des questions variées :

  • L’analyse des mécanismes de compétitivité d’une matière première ou d’un groupe de matières premières est l’utilisation la plus fréquente actuellement. Elle permet de dégager l’ensemble des facteurs qui contribuent le plus à pénaliser ou au contraire favoriser leur place sur le marché et de mesurer la sensibilité relative des débouchés du produit testé à des variations envisageables du niveau de ces facteurs.
  • L’exploration de nouveaux contextes de prix est une autre forme d’utilisation que l’étude des conséquences de la réforme de la PAC a largement développé au cours des dernières années. Elle permet d’estimer l’effet, sur le potentiel d’utilisation d’une matière première, d’un nouvel équilibre de prix et de mesurer les conditions nécessaires, en termes de prix de mise en marché, d’une restauration de son pouvoir de concurrence.

Ces deux types d’utilisation entrent totalement dans le champ de l’analyse prospective à laquelle était initialement destiné le développement de cet outil. Elles n’en sont cependant pas les seules composantes. Depuis qu’il est mis à disposition, ce modèle a également servi à explorer les conséquences de facteurs aussi différents que :

  • l’effet d’une amélioration de la qualité (voies technologique et génétique) d’une matière première ;
  • l’effet de la généralisation de nouvelles contraintes (réduction de la pollution) se répercutant sur la façon de spécifier les formules.

Nouvelles approches

A ces approches prospectives se sont actuellement ajoutées des approches plus conjoncturelles. En combinaison avec la réalisation d’un suivi de l’information que développe le Céréopa, le modèle sert actuellement de support à la mise au point de tableaux de bord qui permettent, par famille de produits, de proposer un suivi et une anticipation (par rapport à des prix à terme qui sont disponibles et à des prévisions qui peuvent être faites) du positionnement des matières premières sur le marché. Cette fonctionnalité, proposée aujourd’hui à quelques partenaires, est susceptible d’être généralisée à de nombreuses matières premières.

Même si, comme tout modèle, celui développé par le Céréopa présente par certains aspects l’allure d’une boîte noire, les conditions de sa conception et de son amélioration ainsi que son utilisation sont avant tout conçues comme un dispositif d’échange au sein du secteur de l’alimentation animale. Plus que l’outil, c’est le réseau des partenaires concernés par le programme Prospective Aliment et l’optique avec laquelle sont abordés les questions qui font l’intérêt de la démarche.

Principales actions conduites dans le cadre du programme Prospective Aliment

Depuis la création du programme Prospective Aliment, le Céréopa a conduit de nombreuses actions dans le champ des stratégies alimentaires des cheptels et de l’analyse du pouvoir de concurrence des matières premières.

Analyses du pouvoir de concurrence de matières premières dans l’industrie de l’alimentation animale

  • Révision du mécanisme de calcul de l’aide appliquée au soutien de la production de luzerne déshydratée ;
  • Intérêt des technologies de dépelliculage et de décorticage du tourteau de colza et de tournesol ;
  • Etude du pouvoir de concurrence des pulpes de betteraves déshydratées pour l’alimentation animale ;
  • Modalité de paiement à la qualité des luzernes déshydratées ;
  • Perspectives de valorisation des drêches d’éthanol de blé sur le marché des aliments composés ;
  • Perspectives offertes par l’enrichissement en acides aminés des graines de colza ;
  • Intérêt économique d’un probiotique pour l’alimentation du porc et du lapin ;
  • Intérêt de nouvelles lignées de maïs riches en huile sur le marché des aliments composés en France, en Italie, et en Espagne ;
  • Etude du pouvoir de concurrence des protéagineux en France, aux Pays Bas et en Allemagne ;
  • Analyse des débouchés de la biotine en alimentation animale.

Etudes des stratégies d’alimentation des élevages

  • Possibilités de valorisation des acides aminées protégés dans l’alimentation des vaches laitières en Europe ;
  • Analyse comparative des stratégies d’alimentation des vaches laitières dans différentes régions européennes ;
  • Perspectives offertes à la luzerne déshydratée sur le marché de l’alimentation des vaches laitières ;
  • Analyse des stratégies alimentaires des élevages laitiers en France ;
  • Situation de l’autoconsommation de céréales dans les élevages français.